25 octobre 2006

Little Miss Sunshine

Richard hates losers. He sees them everywhere and imposes to the others his obligation to win. Maybe because he's so afraid of becoming himself a loser, or even being one of them already. Her wife Sheryl is kind. She may not cook very well (don't have time apparently), she may be intransigent (« This is not happening. »), but still. She has to deal with everyone pains and wishes and that's not so easy. In the end, she just wants everybody to be happy. She's Frank's sister. Frank tried to kill himself because of desperate love and desperate need of fame. He keeps repeating that he's the first Marcel Proust specialist in the United States, but nobody's really listening to him. They put him in Dwain's bedroom, so that he can't try and kill himself again. Dwain doesn't speak because of Nietzsche. He wants to become a pilot and integrate the Air Force, but he doesn't know yet. He believes he hates everyone, especially everyone in this family. However Dwain likes Olive, for sure. He's got this special tenderness and care towards her. She dreams of being the most beautiful girl in the whole worldand deadly wants to win the Little Miss Sunshine contest. She wears glasses and is not so fit, of course, but she's cute. GrandPa' makes her rehearse, for better or for worse. He's just begun to sniff heroin, because, he says « I would be a fool not to do it at my age ». He's quite an asshole and likes dirty magazines.


Now that I made the presentations, now that you know every one of them, let me tell you you'll love them. Little Miss Sunshine is this kind of comedy that makes you laugh in one second, sometimes through tears (the final scene is simply hilarious), and tears you apart the second after. All the characters are touching and endearing. Because of Olive and her Little Miss Sunshine contest, they get involve in a caravan trip to California. At this occasion, we see them (with delight) going through tremendous (often funny, sometimes dramatic, even tragic) events that finally make them stick together, show their love to each other, that save Frank's life, break Dwain's silence, relieve GrandPa' and free Richard. Never vulgar or heavy, the humour of the film is most exclusively based on comical situations. Tragic scenes and characters' feeling are treated with sensitivity and just enough derision. Because the film gives the impression of always being borderline, between laugh and cry, between ridicule and grace, the all thing acts as a therapy : a bubble full of fresh air and intense multiple emotions. You get out of here with a little smile on your face and head in the clouds.




Richard déteste les perdants. Il les voit partout et impose aux autres son exigence de victoire. Peut-être parce qu'il est tellement effrayé à l'idée de devenir lui-même un perdant, ou même d'être déjà l'un d'eux. Sa femme Sheryl est gentille. Elle ne cuisine peut-être pas très bien (pas le temps apparemment) , il lui arrive d'être intransigeante ("c'est hors de question!") , et pourtant... Elle doit gérer les souffrances et les aspirations de chacun et ce n'est pas si simple. Dans le fond, elle veut juste que tout le monde soit heureux. C'est la soeur de Frank. Frank a tenté de se suicider à cause d'un amour désespéré et d'un besoin désespéré de reconnaissance. Il ne cesse de répéter qu'il est le premier spécialiste de Proust des Etats-Unis mais personne ne l'écoute vraiment. Ils l'ont mis dans la chambe de Dwain, de sorte qu'il n'essaie plus de se tuer. Dwain ne parle pas, à cause de Nietzsche. Il veut devenir pilote et intégrer l'Air Force mais il ne sait pas encore. Il croit qu'il déteste tout le monde, et plus particulièrement tout le monde dans cette famille. Pourtant, Dwain aime Olive, c'est certain. Il éprouve une certaine tendresse envers elle. Elle rêve d'être la plus belle fille du monde et veut tant gagner ce concours de Little Miss Sunshine. Elle porte des lunettes et n'est pas si fine, biensûr, mais elle est mignonne. Grand-Père la fait répéter, pour le meilleur ou pour le pire. Il vient de se mettre à sniffer de l'héroïne, parce que dit-il "Je serais un bougre d'imbécile de ne pas le faire à mon âge". C'est un trou du cul et il aime les magazines cochons.

Maintenant que j'ai fait les présentations, maintenant que vous les connaissez tous, laissez-moi vous dire que vous allez les adorer. Little Miss Sunshine est une de ces comédies qui vous font rire en une seconde, parfois aux larmes (la dernière scène est tout simplement hilarante), et qui vous déchirent le coeur la seconde d'après. A cause d'Olive et de son concours, ils se retrouvent tous à voyager dans une caravane jusqu'à la Californie. Et nous les voyons (avec grand plaisir) vivre des événements extraordinaires et forts, qui finalement les font se rapprocher les uns des autres, qui sauvent la vie de Frank, rompent le silence de Dwain, soulagent Grand-Père et libèrent Richard. Jamais vulgaire, l'humour de ce film repose pour la plupart sur un comique de situation. Les scènes tragiques et les sentiments des personnages sont traités avec sensibilité et juste assez de dérision. Parce que le film donne l'impression d'être constamment décalé, à la limite du rire et des larmes, du ridicule et de la grâce, il a un effet thérapeutique : c'est une bulle pleine d'air frais, d'émotions multiples et intenses. Vous sortez de là avec un petit sourire sur les lèvres et le nez en l'air.

24 octobre 2006

The Queen

The Queen est un titre mensonger : le dernier film de Stephen Frears aurait dû s'appeler The Prime Minister. En effet, si dans un premier temps, le film dévoile ou imagine ce qui s'est passé dans la semaine suivant la mort de Lady Diana dans les coulisses de la famille royale, l'ambition réelle du film est de montrer comment le premier ministre de l'époque, Tony Blair, a tiré parti de cet épisode et a incarné le renouveau des valeurs et la modernisation exigés par tout un peuple.

Première scène, la reine se fait peindre le portrait en regardant les informations à la télévision, on y voit Tony Blair – Michael Sheen interprète remarquablement son apparente naïveté et sa véritable intelligence – porté à la tête du pays par le peuple anglais. Dans la scène suivante, la reine reçoit Tony Blair pour le nommer premier ministre. Ce n'est qu'après que survient l'accident mortel de Diana. Et l'on se retrouve plongé dans l'ambiance feutrée de la résidence de Balmoral, dans la chasse au cerf dans les domaines somptueux, dans ce mode vie complètement atypique qu'est l'étiquette royale, … qui contrastent avec les images d'archive de tristesse et de ferveur du peuple Britannique.

Alors oui, Helen Mirren joue à merveille une reine Elizabeth II dans le doute, entre rancœur et incompréhension, rancœur envers Diana la traîtresse qui a jeté au feu toutes leurs traditions et incompréhension des Britanniques, amoureux d'une femme qu'ils ne connaissent pas. Une reine fine d'esprit qui agit, qui ressent mais qui finalement ne vit pas dans le même monde, une reine plus à l'aise au volant d'un 4x4 que devant ses sujets, une reine qui ne vit que pour eux et qui est blessée au plus profond d'elle-même par leur désamour. Mais au final, c'est Tony Blair qui comprend les élans populaires, qui anoblit Diana « Princesse du peuple » et qui guide la reine à travers la crise.

En définitive, si The Queen retrace d'une façon passionnante la face cachée de la royauté tout au long de cette crise sans précédent, si pour la première fois, un film montre comment le drame de la mort de Lady Di a été vécu de l'autre côté du miroir, il met aussi le doigt sur un moment historique du Royaume-Uni, quand les Britanniques ont choisi la modernité et le changement : le jour où le peuple a élu Tony Blair.