24 octobre 2006

The Queen

The Queen est un titre mensonger : le dernier film de Stephen Frears aurait dû s'appeler The Prime Minister. En effet, si dans un premier temps, le film dévoile ou imagine ce qui s'est passé dans la semaine suivant la mort de Lady Diana dans les coulisses de la famille royale, l'ambition réelle du film est de montrer comment le premier ministre de l'époque, Tony Blair, a tiré parti de cet épisode et a incarné le renouveau des valeurs et la modernisation exigés par tout un peuple.

Première scène, la reine se fait peindre le portrait en regardant les informations à la télévision, on y voit Tony Blair – Michael Sheen interprète remarquablement son apparente naïveté et sa véritable intelligence – porté à la tête du pays par le peuple anglais. Dans la scène suivante, la reine reçoit Tony Blair pour le nommer premier ministre. Ce n'est qu'après que survient l'accident mortel de Diana. Et l'on se retrouve plongé dans l'ambiance feutrée de la résidence de Balmoral, dans la chasse au cerf dans les domaines somptueux, dans ce mode vie complètement atypique qu'est l'étiquette royale, … qui contrastent avec les images d'archive de tristesse et de ferveur du peuple Britannique.

Alors oui, Helen Mirren joue à merveille une reine Elizabeth II dans le doute, entre rancœur et incompréhension, rancœur envers Diana la traîtresse qui a jeté au feu toutes leurs traditions et incompréhension des Britanniques, amoureux d'une femme qu'ils ne connaissent pas. Une reine fine d'esprit qui agit, qui ressent mais qui finalement ne vit pas dans le même monde, une reine plus à l'aise au volant d'un 4x4 que devant ses sujets, une reine qui ne vit que pour eux et qui est blessée au plus profond d'elle-même par leur désamour. Mais au final, c'est Tony Blair qui comprend les élans populaires, qui anoblit Diana « Princesse du peuple » et qui guide la reine à travers la crise.

En définitive, si The Queen retrace d'une façon passionnante la face cachée de la royauté tout au long de cette crise sans précédent, si pour la première fois, un film montre comment le drame de la mort de Lady Di a été vécu de l'autre côté du miroir, il met aussi le doigt sur un moment historique du Royaume-Uni, quand les Britanniques ont choisi la modernité et le changement : le jour où le peuple a élu Tony Blair.