09 juin 2006

Il Caimano

Cérémonie improbable à la gloire de Mao, blonde assassine, zooms supersoniques sur cascades plastoches et répliques qui sonnent faux, on se croirait dans le retour de Red Is Dead. Nous sommes assis dans une salle de cinéma, le film (mauvais) se termine. Le personnage principal, Paolo Bonomo, en est le producteur, de celui-ci et de quelques autres estampillés "de genre" pour édulcorer "de série B". Des titres à dormir debout. C'est une rencontre, dès la première scène, un scénario donné presque de force, qui va nous faire passer de ces séries B justement à un film sérieux et dénonciateur sur Silvio Berlusconi. Et Paolo d'échanger lui-même un statut de guignol amuseur un peu rêveur contre une dimension grave, engagée, dramatique, et de nous toucher. La réalisation du film est à l'image de cette transformation de contenu. Les scènes d'action mal réalisées introduites comme avec maladresse vont laisser la place, progressivement et finalement à la sobriété d'un Nanni Moretti en Berlusconi, à Berlusconi lui-même en images d'archives. Le tout se fond avec le vrai film, enfin.

Ce serait pourtant réducteur que de ne voir là qu'une analyse du politicien italien. Cette oeuvre dépeint l'Italie toute entière, une Italie ridicule et fantoche à travers les yeux du Polonais, une Italie moderne à travers Teresa, une Italie qui se réveille, se regarde dans cette scène où les personnages contemplent leur chef d'état dans le poste de télévision, images d'archives, silence, regard en coin, constat; et essaie finalement de se battre, de se faire entendre. En vain? La fin de l'histoire n'est pas tout à fait désespérée. Le rêve commence à prendre forme. Pourtant le drame se joue encore, et les personnages se débattent toujours plutôt que vainquent.

Certains sont partis avant la fin, les imbéciles. Mais peut-être ne pouvaient-ils tout simplement plus supporter l'inconfort des fauteuils de ces petites salles parisiennes... Quant à moi je conseille, je recommande.